L’Histoire

Pourquoi le projet B.painted ? Pourquoi des habits-peintures ?

B.painted a présenté le 2 octobre 2021 au Générateur sa première collection de vêtements sur la musique de DJ-Reïne et HBT, avec en toile de fond, deux grandes peintures murales. 

Nous avions l’habitude de voir la peinture de Bernard Bousquet exposées au Générateur. Là, s’y ajoutent des vêtements. Mais leur caractéristique est d’être directement coupés dans des peintures sur tissus couture.

Devant une peinture de Bernard Bousquet ou un vêtement B.painted, il est bien difficile de déterminer la technique qui permet d’obtenir ces abstractions hallucinatoires voire psychédéliques, une telle finesse et complexité du détail, une illusion de mouvement et de volume dans du bruit visuel, du moiré, du glitch,…

Les tissus de grande marque se révèlent être des supports de peinture fantastiques par leur façon d’absorber les encres et peintures.  

Bernard Bousquet a commencé à peindre sur de grands formats pour la Compagnie de danse Anne Dreyfus. Peindre des fonds de scène de théâtre est un apprentissage providentiel pour appréhender de grands formats. C’est à partir de tels grands formats que les vêtements B-painted sont coupés. Avec une certaine jubilation d’ailleurs ! Peut-être liée à une sensation de transgression. 

En se mettant au stylisme, aidé de Cléa Bellili et Capucine Veltz, Bernard Bousquet avec sa première collection B-painted et sans faire de compromission artistique élargit son public.

Le but de la création artistique n’est-il pas de toucher nos semblables et de contribuer à la vie artistique de notre communauté. Et franchement, entre deux options : accrocher une peinture sur un mur ou en faire un vêtement qui sera porté et vu, la deuxième n’est-elle pas la plus convaincante ?

Tous les pièces des collections 2021 et 2022 de B.painted sont des pièces uniques. Chacune porte un numéro d’inventaire de l’artiste.

Il n’est pas question de supprimer l’offre actuelle d’œuvres plastiques et ce monde de l’art qui a le grand mérite d’exister. Mais n’ayons pas peur d’ajouter d’autres modalités de jouissance des œuvres picturales, des modalités de consommation et de jouissance plus larges, plus démocratiques tant financièrement que culturellement. Au risque de se faire excommunier. Désacraliser l’art ne doit pas être du blasphème. C’est une option sérieuse pour le maintenir en vie et le rendre plus démocratique. Pour le bien commun de tous ». Bernard Bousquet

« Être artiste, c’est être libre, résister, être en lien avec le monde.  Être artiste rentre en contradiction avec toute dépendance au milieu de l’art et acceptation de ses codes, de ses process de légitimation, de ses contraintes économiques. Comment s’accepter soumis volontaire à des diktats d’autant moins compréhensibles dans cette période où les crises s’enchaînent : sanitaire, géopolitiques, environnementales… ?

Si la vie fuit l’art, le stade d’après c’est la vie qui fuit la vie. 

En tant qu’artiste, continuer à faire des « œuvres », proposer des expositions régulières pour montrer mon travail, avoir un site internet pour une présentation bien sage me semblent bien insatisfaisant. Qu’un collectionneur m’achète une peinture tendue sur châssis ou encadrée pour la contempler (ou décorer) dans son salon,  c’est top. Mais je ne comprends pas ce respect trop grand. Je voudrais qu’un art tel que la peinture puisse se consommer comme de la musique. Qu’une musique soit une musique très anecdotique ou une musique majeure, qu’elle ait été composée il y a des siècles et appartienne au patrimoine culturel mondial ou vienne juste d’être faite, sa valeur d’échange, le prix payé pour l’avoir, est le même. On ne peut pas aller aussi loin avec des œuvres plastiques mais pourquoi sont-elles si peu abordables, pourquoi tant d’intermédiaires, pourquoi leur modalités de consommation (je n’aime pas le mot « consommation », « jouissance » serait peut-être plus approprié) sont-elles si normatives, compliquées, réservées à quelques initiés et éclairés à l’aisance financière évidente.

J’adore « consommer » de belles images, j’adore faire défiler sur mon iphone les posts Instagram d’artistes qui délivrent de pures images, massivement, de façon répétée. Je rêve d’un spotify de l’image. Je rêve de playlist de l’image. Un nouveau mot est envisageable. Viewlist, Picturelist …

Il n’est pas question de supprimer l’offre actuelle d’œuvres plastiques et ce monde de l’art qui a le grand mérite d’exister. Mais n’ayons pas peur d’ajouter d’autres modalités de jouissance des œuvres picturales, des modalités de consommation et de jouissance plus larges, plus démocratiques tant financièrement que culturellement. Au risque de se faire excommunier. Désacraliser l’art ne doit pas être du blasphème. C’est une option sérieuse pour le maintenir en vie et le rendre plus démocratique. Pour le bien commun de tous ». Bernard Bousquet